Les plus sévères parlent de "mascarade",
les plus modérés de "rendez-vous manqué". Après
la journée de débats sur la réforme du lycée et
la vie lycéenne, organisée samedi 15 novembre par le ministre
de l'éducation, Xavier Darcos, l'humeur de la plupart des 600 représentants
lycéens oscille entre colère et frustration.
Réveillée à 4 heures du matin afin d'arriver à l'heure
dans les locaux de l'école polytechnique de Palaiseau (Essonne), en région
parisienne où se déroulaient les débats, Lucie Bousser,
présidente de l'UNL (Union nationale lycéenne) et lycéenne
dans l'Académie de Bordeaux, a le sentiment d'avoir fait le "voyage
pour rien". "Les lycéens ont été répartis
par petits groupes de 20 pour plancher sur deux thèmes : "Focus
sur un nouveau lycée" et "Vers un lycée campus",
explique la lycéenne. Chaque atelier était encadré par
des étudiants en communication qui ne connaissaient visiblement rien
à la réforme et qui étaient là uniquement pour nous
interdire de débattre".
Sur la centaine de propositions débattues, seules deux devaient émerger
des ateliers. "Le consensus s'est fait autour de la nécessité
d'augmenter le taux d'encadrement et d'alléger le temps de travail",
constate Lori Helloco, en terminale ES dans l'Académie de Caen. "La
réforme est déjà décidée, le ministère
nous a fait venir pour donner notre avis sur des points de détail",
poursuit-il avant d'ajouter que la "seule chose positive de cette journée
est d'avoir rencontré d'autres lycéens élus".
Lycéen dans un établissement de Bayeux, Clément Mauger,
17 ans, non syndiqué revient lui aussi dépité. "Je
suis parti content car je pense qu'il est nécessaire de réformer
le lycée et que le projet de Xavier Darcos contient des pistes intéressantes.
J'avais l'espoir que cette journée allait m'éclairer sur certaines
zones d'ombre, il n'en a rien été", regrette le jeune homme.
Au fil de la journée, ses espoirs se sont évaporés. "Le
matin, quand Jean-Paul de Gaudemar [recteur de l'Académie d'Aix-Marseille,
chargé de préparer la réforme], a présenté
la réforme, on n'entendait pas une mouche voler et ses propos ont été
bien accueillis, raconte Clément Mauger. Au fil des heures, le climat
s'est détérioré et tout à fini dans la frustration
et l'énervement".
Cette journée de débats ne devrait pas contribuer à apaiser
le climat entre le monde enseignant, les lycéens et le ministre Xavier
Darcos, à quelques jours de la grève du 20 novembre pour protester
entre autres, contre les
13 500 suppressions de postes inscrites au budget 2009. Les lycéens de
l'UNL et les étudiants de l'Unef ont prévu de se mobiliser ce
jour-là aux côtés de la quasi-totalité des syndicats
du primaire (public et privé) et du secondaire ainsi que le Snessup (premier
syndicat de l'enseignement supérieur).
Catherine Rollot