Réforme du lycée : M. Darcos ne convainc pas les lycéens
LEMONDE.FR | 17.11.08 | 09h33 * Mis à jour le 17.11.08 | 09h33

Les plus sévères parlent de "mascarade", les plus modérés de "rendez-vous manqué". Après la journée de débats sur la réforme du lycée et la vie lycéenne, organisée samedi 15 novembre par le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, l'humeur de la plupart des 600 représentants lycéens oscille entre colère et frustration.
Réveillée à 4 heures du matin afin d'arriver à l'heure dans les locaux de l'école polytechnique de Palaiseau (Essonne), en région parisienne où se déroulaient les débats, Lucie Bousser, présidente de l'UNL (Union nationale lycéenne) et lycéenne dans l'Académie de Bordeaux, a le sentiment d'avoir fait le "voyage pour rien". "Les lycéens ont été répartis par petits groupes de 20 pour plancher sur deux thèmes : "Focus sur un nouveau lycée" et "Vers un lycée campus", explique la lycéenne. Chaque atelier était encadré par des étudiants en communication qui ne connaissaient visiblement rien à la réforme et qui étaient là uniquement pour nous interdire de débattre".
Sur la centaine de propositions débattues, seules deux devaient émerger des ateliers. "Le consensus s'est fait autour de la nécessité d'augmenter le taux d'encadrement et d'alléger le temps de travail", constate Lori Helloco, en terminale ES dans l'Académie de Caen. "La réforme est déjà décidée, le ministère nous a fait venir pour donner notre avis sur des points de détail", poursuit-il avant d'ajouter que la "seule chose positive de cette journée est d'avoir rencontré d'autres lycéens élus".
Lycéen dans un établissement de Bayeux, Clément Mauger, 17 ans, non syndiqué revient lui aussi dépité. "Je suis parti content car je pense qu'il est nécessaire de réformer le lycée et que le projet de Xavier Darcos contient des pistes intéressantes. J'avais l'espoir que cette journée allait m'éclairer sur certaines zones d'ombre, il n'en a rien été", regrette le jeune homme.
Au fil de la journée, ses espoirs se sont évaporés. "Le matin, quand Jean-Paul de Gaudemar [recteur de l'Académie d'Aix-Marseille, chargé de préparer la réforme], a présenté la réforme, on n'entendait pas une mouche voler et ses propos ont été bien accueillis, raconte Clément Mauger. Au fil des heures, le climat s'est détérioré et tout à fini dans la frustration et l'énervement".
Cette journée de débats ne devrait pas contribuer à apaiser le climat entre le monde enseignant, les lycéens et le ministre Xavier Darcos, à quelques jours de la grève du 20 novembre pour protester entre autres, contre les
13 500 suppressions de postes inscrites au budget 2009. Les lycéens de l'UNL et les étudiants de l'Unef ont prévu de se mobiliser ce jour-là aux côtés de la quasi-totalité des syndicats du primaire (public et privé) et du secondaire ainsi que le Snessup (premier syndicat de l'enseignement supérieur).
Catherine Rollot

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